Les deux structures avaient célébré leurs 30 ans ensemble au printemps dernier. Le Mipih et le SIB sont présents sur le marché de la santé avec des offres "complémentaires" sur l'hébergement des données de santé, pour l'édition et l'intégration de solutions de santé, l'interopérabilité des données de santé et des SI, la production de paie, des outils de télémédecine ou encore pour la formation et le conseil.
En parallèle, le SIB est également présent sur le marché des collectivités et des services de l'Etat et le Mipih, quant à lui, met à disposition de l’enseignement supérieur et de la recherche ses infrastructures d’hébergement.
Le Mipih compte 735 adhérents, 830 collaborateurs et est présent à Toulouse (son siège), Amiens, Bordeaux et Reims. Il compte par ailleurs deux data centers propres à Amiens et Toulouse. Le GIP a enregistré un chiffre d'affaires de près de 103 millions d'euros en 2022.
Le SIB a 512 adhérents, 472 collaborateurs et a trois sites en France métropolitaine : Rennes (son siège), Lille et prochainement à Rouffach (Haut-Rhin) consécutivement à la fusion avec l'éditeur Symaris (6,7 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022) qui sera effective au 1er janvier 2024. Il a également deux data centers, à Rennes et Lille, et a enregistré un chiffre d'affaires de 55,5 millions d'euros en 2022.
En fusionnant, leur ambition est claire: permettre "la création d'un champion public national". Un premier jalon avait été franchi en mai, les deux GIP avaient annoncé une offre commune de cybersécurité pour les établissements de santé, rappelle-t-on. Déjà interrogées par TICsanté, les deux entités réfutaient toutefois leur fusion à cette période.
"Notre rapprochement était naturel et il s'est fait progressivement", a expliqué Mostafa Lassik. "Au début des années 2000, le SIB, le Mipih et le Sihpic [éditeur amiénois qui va fusionner avec le Mipih] ont décidé de créer un groupement d'intérêt économique [GIE] qui s'appelait Convergence-Profils", a-t-il rappelé.
"Il y a eu une grande activité dans ce cadre et à la fin des années 2000, le Mipih et le Sihpic ont fusionné. Il ne restait donc plus que deux acteurs au sein du GIE: le Mipih et le SIB."
Un rapprochement accéléré depuis mi-juin
Olivier Morice-Morand et Mostafa Lassik entreprennent de renforcer le travail collaboratif dès 2020 et la nomination du directeur général du Mipih.
"A l'arrivée de Mostafa, on a repris des discussions sur la relation entre le Mipih et le SIB et tranquillement mais progressivement, on s'est dit que de toute façon, il y avait une histoire commune et une évolution de l'écosystème en faveur d'une coopération renforcée", a précisé le DG du SIB.
"Il fallait vraiment que l'on s'interroge sur comment l'on pouvait renforcer notre relation et surtout comment le faire pour l'ensemble de nos adhérents. C'est essentiel pour nous qui sommes des structures de coopération."
Mi-juin, les discussions ont "accéléré", les deux GIP -qui partagent aussi une antenne commune à PariSanté Campus-, décident de franchir le pas et valident le principe de fusion. En septembre, leurs conseils d'administration valident le principe du projet.
L'année 2024 sera donc consacrée à la mise en musique de cette fusion de part et d'autre et à l'accompagnement des adhérents, qui s'adresseront désormais "au guichet unique" Mipih-SIB. Les deux entités sont accompagnées par "un cabinet externe" chargé de plancher sur les modalités juridiques de la fusion et de les aider à écrire leur feuille de route commune.
Le 6 décembre, la fusion a été officiellement votée lors du conseil d'administration du Mipih et jeudi [14 décembre], c'est le conseil d'administration du SIB qui a voté en faveur du projet. Les dirigeants des deux structures ont tenu à être présents ensemble lors de ces deux conseils d'administration "pour répondre aux questions des participants et assister aux débats", a précisé Mostafa Lassik.
Un an pour "préfigurer" la nouvelle organisation
Les deux GIP ont désormais un an pour préparer leur fusion. Le nom du nouvel éditeur fusionné n'a pas encore été décidé et, dans un premier temps, il sera connu sous la dénomination "Mipih-SIB", a-t-on appris.
"Les adhérents du Mipih sont très attachés à leur nom, les adhérents du SIB aussi. Si l'on regarde GDF-Suez ou Alcatel-Lucent cela se fait très bien donc dans un premier temps, nous nous appellerons Mipih-SIB", a expliqué le DG du Mipih.
Charge à la structure fusionnée de décider ensuite de changer de nom, en même temps qu'elle définira son identité visuelle. "C'est un sujet suffisamment stratégique pour que l'on se donne le temps de la réflexion", a souligné Mostafa Lassik.
Concernant la gouvernance du futur "super-éditeur" public, celle-ci "est très lisible pour [les] adhérents", a-t-il précisé. La nouvelle structure sera un GIP, doté d'une assemblée générale regroupant l'ensemble des adhérents du Mipih et du SIB.
Son application concrète se dessinera étape par étape en 2024, année stratégique "de la préfiguration" qui sera menée avec l'ensemble des administrateurs du Mipih et du SIB réunis dans un conseil d'administration de préfiguration, lui aussi.
En attendant, le "comex" (comité exécutif) du futur GIP a été créé début décembre. Olivier Morice-Morand et Mostafa Lassik ont, en outre, fait savoir que le lieu du siège n'a pas été décidé et que celui-ci pourra être partout où sont présents les deux GIP. "Cette notion de proximité avec nos adhérents de santé est très importante et elle est gage de qualité. Demain, la future structure sera présente à Toulouse, Bordeaux, Reims, Amiens, Rennes, Lille et Rouffach", ont-ils insisté.
Le futur directeur général du GIP sera celui dont la société fera le portage juridique. "Il va y avoir un portage juridique et nous travaillons à identifier la structure qui pourrait être le vecteur juridique qui va porter cette fusion", ont confié les deux dirigeants à TICsanté.
D'ici là, Mostafa Lassik et Olivier Morice-Morand travailleront "main dans la main" pour faire aboutir cette fusion.
Un futur GIP avec plus de 1.400 collaborateurs
L'organisation des ressources humaines se dessine déjà et se précisera en 2024. Le 1er janvier 2025, le nouveau GIP comptera ainsi "plus de 1.400 collaborateurs", ont fait savoir Mostafa Lassik et Olivier Morice-Morand, qui n'envisagent pas de "coupes".
"Nous avons d'ores et déjà défini des principes directeurs et il n'y aura pas de coupes. Les effectifs seront même musclés en commun. Pour les fonctions supports, il y aura à chaque fois un responsable et un adjoint parmi ceux qui dirigent déjà ces fonctions chez nous", a détaillé Mostafa Lassik.
"On ne touchera pas non plus aux salaires de nos collaborateurs. Au contraire, l'idée est de tirer parti des avantages des deux systèmes à l'œuvre aujourd'hui", a-t-il ajouté. "L'objectif est d'attirer les talents et c'est un enjeu d'attractivité pour une structure de coopération, qui a des valeurs", a complété Olivier Morice-Morand. "Dans la future organisation, nous aurons à cœur que chacun ait sa place et l'année de préfiguration nous permettra d'affiner tout cela."
Le Mipih édite des outils pour la gestion de l'hôpital, les parcours patient et l'e-santé ou encore la transformation numérique et la data. Parmi celles-ci, figure notamment "dh", un progiciel de gestion intégré nouvelle génération coconstruit avec 35 établissements adhérents et présenté en mai. Le SIB édite également plusieurs solutions et notamment un logiciel de dossier patient informatisé (DPI) Sillage, qui équipe 130 établissements, compte 23 groupements hospitaliers de territoire (GHT) "déployés ou en cours" et revendique "53 sites gagnés depuis 2021".
Ensemble, les deux structures équiperont donc 123 GHT utilisant au moins un outil du Mipih ou du SIB.
Renforcer la sécurité et mieux exploiter la data à l'hôpital
Leur future offre, ils la promettent "innovante, sécurisée et souveraine", avec "des solutions et services qui répondent aux besoins métiers et simplifient le quotidien des utilisateurs, tout en ayant la capacité d'assurer l'hébergement, la valorisation et la protection de leurs données".
"Ce sera un acteur qui pèsera sur l'évolution des politiques publiques en matière de santé et dans leur déclinaison numérique en santé", a fait valoir Mostafa Lassik.
En s'appuyant sur leur direction commerciale unique, qui sera créée dès le 1er janvier 2024, les partenaires entendent présenter largement leur nouvelle ambition.
La future entité sera aussi composée d'une direction de l'ingénierie, du logiciel et de l'industrialisation, "en charge d'assurer des niveaux de sécurité, de qualité et d'outillage" du GIP, a-t-on appris. Le Mipih-SIB ira d'ailleurs chercher une certification SecNumCloud "mi/fin 2025".
"Nous travaillons aussi sur la data et des outils de data 'décisionnels' pour permettre aux hôpitaux de pouvoir véritablement industrialiser l'ensemble de leurs données au travers d'un entrepôt de données et surtout développer des usages qui seront les plus standardisés possible", ont expliqué Mostafa Lassik et Olivier Morice-Morand. Une direction de l'IA et de la data sera aussi créée et devra répondre à cet "enjeu".
"Notre objectif est de créer un groupe public d'excellence au service du numérique, à la pointe de l'innovation, à même de s'engager pour inventer le numérique éthique et responsable de demain."