Anticiper. Les CHU de Rennes et de Toulouse ont décidé, sous différentes stratégies, de franchir le cap du standard Fhir. En parallèle, ils participent à un groupe de travail avec le Mipih et d'autres établissements de santé pour définir les bases.
Le sujet du standard Fhir, pour fast healthcare interoperability resources (échange rapide de données d'intégrité), n'est pas un sujet nouveau, il prend toutefois de l'ampleur avec l'interopérabilité et la communication entre les logiciels intégrés dans les systèmes d'information hospitaliers (SIH). Mais encore peu d'établissements de santé ont franchi le cap.
Pour répondre aux différents enjeux portés par ce standard, un groupe de travail a été mis en place* au sein du Mipih pour coconstruire les domaines à investir et engager la démarche, en cohérence avec les travaux de l'Agence du numérique en santé et l'association Interop'santé.
L'objectif est que les solutions du groupement d'intérêt public (GIP) soient "en capacité de mettre à disposition un maximum de données en Fhir ".
Ce travail permettra d'aboutir "à l'élaboration d'un lot de connecteurs conformes et partagés à destination des adhérents du Mipih", indique à Hospimedia Vincent Bricard, manager en interopérabilité au sein du GIP.
En marge de la table ronde organisée le 21 mai à Santexpo sur ce sujet, les CHU de Rennes (Ille-etVilaine) et de Toulouse (Haute-Garonne) sont aussi revenus avec Hospimedia sur la démarche engagée. À Rennes, "la stratégie est simple, c'est celle des petits pas ", confie Frédéric Laurent, chef de projet interopérabilité au CHU, "avec un premier outil (un flux en Fhir pour la partie patients) puis dans un deuxième temps une plateforme".
S'engager dans les travaux du Mipih permet de montrer aux autres établissements que c'est possible. Il ajoute que sur ce sujet de Fhir "il va falloir y aller donc autant le faire en amont de manière proactive".
Un point de vue que partage Mathieu Bourquin, responsable du département data, développement et interopérabilité au CHU de Toulouse.
Ce dernier a fait le choix de mettre directement en place une plateforme pour traiter différents cas d'usage avec un objectif cible en fonction de ces cas. Une équipe avec 2,5 équivalents temps plein sera dédiée à Fhir avec un appui financier du fonds européen de développement régional.
Changement de paradigme
Actuellement, ce qui est utilisé dans les SI est le standard HL7 V2, conçu il y a quelques années pour des SI qui ne sont plus ceux d'aujourd'hui : plus d'échanges, plus d'informations, introduction d'objets connectés… Le standard s'est certes étoffé, explique Frédéric Laurent, mais ne correspond plus aux usages actuels. "Pour chaque brique applicative, des messages sont envoyés massivement. Par exemple, une admission à l'hôpital va générer une même information envoyée à une quarantaine d'applications".
Les flux de données sont donc importants pour des applications qui les consomment mais ne les utilisent pas forcément, poursuit-il. "Fhir permet d'inverser cela". Standard plus mature, il propose un mode de fonctionnement interrogatif.
Au CHU de Rennes, l'information à échanger a été réduite drastiquement — de près de 95% — sur la recherche patient avec des données seulement essentielles.
Autre avantage, la sécurisation de la donnée.
" L'application ne donne que la donnée dont on a besoin ", note Mathieu Bourquin, et permet de récupérer une donnée structurée. En clair, résume le Mipih, il apporte la bonne donnée, au bon moment pour le bon usage. Avec un serveur Fhir, la donnée est déjà intégrée, ajoute Vincent Bricard. "Tout est au même endroit au même format " et donc plus facile à décrypter. Et cette standardisation est importante avec les évolutions liées à l'intelligence artificielle et aux entrepôts de données de santé, poursuit Mathieu Bourquin. Fhir représente aussi un gain de temps en diminuant la partie développement et donc de ressources. Il est possible de créer rapidement avec ce standard de petites applications, souligne-t-il.
Si les gains liés à Fhir sont certains, " c'est un changement de paradigme", temporise Frédéric Laurent, qui doit se mettre en place avec les contraintes de chacun, notamment de recrutement et donc "un sujet de fond".
Par conséquent, ce sujet "complexe" doit être réfléchi et le travail avec le Mipih permet de bénéficier d'une base sur tous les échanges et d'amorcer le mouvement.
* Le groupe de travail compte : les CHU de Rennes (Ille-et-Vilaine), Toulouse (Haute-Garonne) et Grenoble, l'Assistance publique-hôpitaux de Marseille (AP-HM), les Hospices Civils de Lyon (Rhône), les CH de Bergerac (Dordogne), Périgeux (Dordogne) et de Cornouaille Quimper-Concarneau (Finistère).
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